« A Fujii Sachiko ;
Maman, tu avais raison, il m'a plaquée quand je lui ai annoncé l'inévitable. Je vais devoir élever notre enfant toute seule. Aide-moi, je ne sais pas quoi faire avec cette enfant, je suis jeune, et je suis seule, je ne vais pas pouvoir m'en sortir ! Je sais à peine changer une couche, moi !
Fujii Yuzuki. »
« A Fujii Yuzuki ;
Je te l'avais bien dit, cet homme ne t'aurai jamais rien apporté de bon. Il est bête et lâche, et toi, tu es bête et naïve. Tu n'es pas prête à être mère, tu n'aurais jamais dû l'être, Yuzuki. Je ne vais pas pouvoir être derrière toi toute ta vie, je commence déjà à me faire vieille. J'ai bien essayé de contacter ton frère pour toi, mais il travail en Amérique à présent, et ça a l'air définitif. Je ferai de mon mieux pour t'apprendre, mais je ne me fait pas d'illusion. Tu aurais dû avorter lorsque tu le pouvais encore. Peut-être peux-tu la mettre en adoption ?
Fujii Sachiko. »
« A Fujii Sachiko ;
Tu es dure maman. Je ne me séparerai pas de ma fille ! Elle est à moi, tu m'entends ? Personne ne me la prendra !
Fujii Yuzuki. »
« A Fujii Yuzuki ;
Pourtant le simple fait d'enfanter t'effraie à un point... Ce n'est pas bon d'avoir peur de cet enfant avant qu'il n'arrive, Yuzuki, vraiment pas bon... Ton enfant n'est pas une de tes possessions. C'est un être que tu dois chérir, mais aussi un être contraignant. Te crois-tu capable de supporter ces contraintes ? Je te le dit déjà, tu n'y arrivera pas. Mais peut-être me surprendra-tu et ne me feras-tu pas honte, pour une fois. Je l'espère pour toi, en tout cas.
Fujii Sachiko. »
« A Fujii Yôsuke :
Ta sœur vient de mettre au monde une petite fille, ce serait fantastique si tu pouvais te libérer pour venir la rencontrer, mais je sais bien que ton travail est très exigent, mon chéri. Mais passe au moins un coup de fil, s'il te plaît, il faut arriver à motiver ta sœur pour qu'elle ne fasse pas n'importe quoi...
J'espère en tout cas que ton audition de l'autre jour c'est bien passée, mais comme je n'ai aucune nouvelle, je ne me fais pas trop de soucis, je sais que tu es capable de merveilles !
Fujii Sachiko. »
« A Fujii Yuzuki ;
J'avais un peu du mal à croire maman lorsqu'elle m'a dit que TU avais un enfant. Comme quoi, tout le monde évolue. J'espère que tout se passe bien pour toi, j'essayerai de faire le chemin jusqu'à Kyoto pour vous voir toutes les trois. Prends bien soin de la petite, hein ?
Fujii Yôsuke. »
« A Fujii Sachiko ;
Je crois que je m'en sort. J' arrive à la changer, à la nourrir, à la laver... Mais elle pleure beaucoup, j'ai du mal à gérer ça, maman, comment la faire s'arrêter ? Si elle continue de pleurer, je vais m'y mettre moi aussi !
Fujii Yuzuki. »
« A Fujii Yuzuki ;
Pauvre idiote, qu'as-tu fait ? Tu n'aurais pas pu me dire lorsque j'étais chez toi que la petite était fiévreuse ? Je n'avais pas fait attention, me concentrant juste sur comment la calmer, j'étais assez bête pour croire que tu t'étais tout de même assurée qu'elle était en bonne santé ! De la fièvre, bon sang, Yuzuki, tu sais bien prendre la température, tout de même ! A quoi penses-tu ? Certainement pas à ta petite, sinon elle ne se serait pas retrouvée à l'hôpital ! Tu as de la chance que ce n'était pas grave au final. Tu as intérêt à faire très attention par la suite, car je n'hésiterai pas à appeler l'assistance sociale pour te retirer la garde de ton enfant si tu continues tes idioties !
Fujii Sachiko. »
« A Fujii Yuzuki ;
Tu es contente, ma fille ? J'espère que tu l'es. M'attaquer en justice, pour récupérer par moyen détourné la garde de la petite, et en plus me faire te verser une cotisation ? Tu es bien la dernière des ingrates, et la pire des mères, incapable de voir ce qui est bien pour tes enfants. J'aimerai faire ce qui est bien pour toi, Yuzuki. Mais tu refuse d'écouter. Tu as toujours été comme ça. J'ai toujours su qu'au fond, tu me décevrai. Ne pense même plus à me demander mon aide. Débrouille-toi toute seule avec cette enfant que tu souhaites tant garder. Et arrête de fuir.
Fujii Sachiko. »
« A Fujii Sachiko ;
Maman ? Est-ce que tu te souviens encore de moi ? Je suis désolée pour tout ce que j'ai fait, mais s'il te plaît, ne m'ignore plus ! Yaya ne pleurait plus jamais, depuis qu'elle a commencé à parler, mais maintenant, elle me fait peur ! Je ne sais jamais à quoi elle pense. Elle a toujours l'air contente. Hier, notre chat est mort, mais elle a dit « C'est pas grave, il devait partir. » C'est pas grave ! C'est cette enfant qui est grave ! Maman, aide-moi, je ne sais pas comment lui parler.
Fujii Yuzuki. »
« A Fujii Sachiko ;
Maman je t'en pries, arrête de m'ignorer ! J'ai fait tout ça par ce que j'aime Yaya, mais je t'aime aussi !
Maman, je l'ai frappée, j'ai frappé Yaya. Cette fille est adorable, il est si petite, mais elle met la table, essaye déjà de cuisiner pour m'aider, range sa chambre toute seule. Mais ce sourire m’énerve. C'est comme si elle me narguait, me provoquait, moi qui ne peux pas en esquisser un minuscule ! Alors, ce matin, alors qu'elle me souriait en disant que tout irait bien, après que j'ai reçu une lettre de la banque m'annonçant que j'étais à découvert, je l'ai giflée. Je l'ai tout de suite regretté, mais, maman, sais-tu pourquoi je t'écris ? Pas par ce que je regrette, mais par ce que j'ai peur. Elle n'a même pas pleuré. Elle m'a encore souri, et elle m'a dit « Uruu ! C'est pas grave, Mama, tout va s'arranger ! ».
Fujii Yuzuki. »
« A Fujii Sachiko ;
Ça fait bien plusieurs années que je ne t'ai pas écrite. Yaya a 14 ans, maintenant, et notre relation est au plus mal. Dans mon sens du moins. Elle est toujours adorable, fait de son mieux à la maison... Mais je ne peux pas lui parler. Je n'ai jamais pu. Notre appartement est sombre, malgré la lumière qu'elle s'efforce d'apporter, à chaque fois qu'elle se dépasse pour moi, je ne peux la gratifier que d'un regard vide, vide d'amour. C'est toi qui avait raison, dès le début, j'avais peur d'elle, de ce qu'elle représentait. Alors, j'en ai fait une personne me mettant mal à l'aise, pour me conforter, me dire que je n'était pas folle, qu'elle était bien bizarre. C'est moi qui suis bizarre. J'ai bien conscience que j'ai complètement raté son éducation. Je ne lui ai jamais appris à rire, à pleurer, à aimer. Je ne lui offrais pas de cadeaux, je ne la grondais pas. Rien. De temps à autre, je la sifflait, par ce qu'elle souriait trop, alors que je suis celle qui voulait qu'elle sourie plutôt qu'elle ne pleure. Je ne suis pas une mère. Je suis comme une petite sœur, jalouse et effrayée qu'elle ne soit meilleure que moi. Bien sûr, elle est bien mieux que moi. Mais elle ne sera jamais normale, à cause de moi.
J'ai arrêté de travailler, l'autre jour, et je ne touche plus rien, ta peine étant terminée. Nous nous sommes faites expulser de notre appartement, mais j'ai trouvé une remise dans laquelle un homme nous laisse rester en échange de... services. Il s'agit d'un débarras, mais au moins nous sommes protégées. Yaya n'a même pas l'aire d'en être affectée, nous avons tout de même une salle d'eau après tout. Mais on trouve de tout en cherchant bien, il faudra organiser tout ça... Je crois avoir vu une petite tronçonneuse, tout à l'heure.
Fujii Yuzuki. »
« A Fujii Sachiko ;
Je l'ai fait. Tout est sorti. J'ai hurlé sur Yaya. L'homme qui nous hébergeait, mécontent de mes derniers services, m'avait battue. Elle m'a prise dans ses bras pour me réconforter. En souriant, encore et toujours. Je l'ai rejetée, frappée contre le mur, et ai commencé à vomir des atrocités à son sujet. J'ignorais que j'avais autant de ressentiment pour ma propre fille. Mais le pire, c'est que j'ai été tétanisée de frayeur à la fin. Un cours instant, je l'ai vue. Elle avait arrêté de sourire. Puis elle a recommencé. D'un sourire bien plus large, bien plus forcé. J'ai eu peur de ce sourire. Elle a 14 ans, enfin ! De quoi ai-je peur ?
J'ai l'impression d'entendre un bruit de moteur. La tronçonneuse s'est allumée toute seule ? J’irai voir après avoir posté cette lettre. S'il te plaît, répond-moi, cette fois.
Fujii Yuzuki. »
« A Fujii Yuzuki ;
Je t'aime mama, tu le sais ça. Je sais, je sais. C'était dur de vivre jusqu'ici, j'ai compris. Pour moi aussi ça a été dur des fois, mais comme j'aimais mama, je ne disait rien, par ce que je ne voulais pas qu'elle soit encore plus malheureuse. Mais, mama, est-ce que tu me répondra ? Pourquoi ? Pourquoi mama me détestait ? Je n'ai jamais pleuré, jamais fait de caprice, toujours rangé ma chambre, même la maison, fait la cuisine très tôt, ai soutenu mama toujours. Alors, pourquoi mama me détestait ? Ça me faisait mal, tu sais ? Mais je sais, tu avais très mal aussi, mama, par ce que ta maman à toi aussi ne t'aimait pas. J'ai compris.
J'ai enfin compris. Ce que je devais faire, pour te faire plaisir, pour que tu ne pleures plus, pour que tu ne t'énerves plus, pour que tu n'aies plus à me frapper, pour que tu n'aies plus à aller dans la chambre du méchant monsieur. Au début, j'ai cru que faire disparaître le méchant monsieur suffirait. Mais j'ai compris que ce monde imparfait était la cause de ta tristesse. Tu n'en pouvais plus, n'est-ce pas ? Ton monde était si sombre. Le mien aurait été parfait si tu m'avais aimée, mais il le sera très bientôt, tout comme le tiens. En fait, tous ce temps, tu voulais en finir, mais tu ne pouvais pas, par ce que j'étais là, j'ai compris. Alors, ne t'inquiète pas, mama, je ferai de mon mieux toute seule ! Je ne te freinerait plus ! Tu peux maintenant aller là où tu as toujours voulu aller ! Ne t'en fais pas, si je te coupe la tête nettement, tu n'auras même pas mal.
J'espère que les anges au Paradis seront gentils avec toi. Je t'aime mama.
Maintenant, moi aussi, je pourrais recommencer. Je n'aurai plus mal. Notre monde sera parfait.
Bonne nuit, mama.
Fujii Yaya. »
« A Mme Fujii Sachiko ;
Après avoir été incriminée du meurtre de votre fille, Fujii Yuzuki, il a été décrété par le Juge que Fujii Yaya, votre petite-fille, souffrait de problèmes émotionnels n'ayant pas été pris en charge correctement durant son enfance, et est donc partiellement innocentée. Fujii Yaya sera donc envoyée en réhabilitation dans un établissement scolaire spécialisé, où elle pourra être suivie au mieux, pour optimiser son retour dans la vie en société.
Etant à présent la responsable légale de cette enfant, vous pourrez la rencontrer une fois avant son incarcération, et lui fournir des affaires que vous pensez importantes, dès l'instant qu'elles ne comportent aucune arme ou objet pouvant être utilisé comme tel, comme les style plumes ou des ciseaux.
Mes salutations distinguées,
M.Oruga Jotaro ; avocat pour mineurs. »
________________